Angel : François Ozon signe un superbe mélodrame, trouvant un juste équilibre entre distanciation ironique et franche émotion, mêlant habilement le premier et le second degré. L'histoire est celle d'Angel Deverell, une jeune écrivain prodige qui va rencontrer le succès et finir par se casser la gueule à force de désillusions. Magnifique portrait d'une jeune femme aussi attachante qu'égocentrique (géniale Romola Garai), réflexion acerbe sur l'art et la célébrité (faut-il mieux être reconnu de son vivant ou après sa mort?), brouillage des frontières entre le rêve et la réalité, élégante stylisation des couleurs, interrogation sur les conventions narratives du genre avec des références à mon maître adoré Douglas Sirk, sans oublier le simple plaisir de suivre une grande histoire romanesque. Angel est pas loin du chef-d'oeuvre. 5/6
After the Wedding : Un gars est invité à un mariage et se rend compte par pur hasard que la mariée n'est autre que... sa propre fille. Voilà un film danois avec un scénario bien mélodramatique comme il faut, mais dont la roublardise (discrètement héritée du Dogme) confine ici au génie. Caméra vive et nerveuse, personnages à fleur de peau, situations extrêmes, tout est mis en place pour donner un film viscéral qui secoue nos émotions. Mais si on accepte de se laisser prendre à ce petit jeu de la manipulation sentimentale, c'est parce que les acteurs livrent un sacré numéro, notamment le génialissime Mads Mikkelsen, qui jouait Le Chiffre dans le dernier James Bond. 4/6
Music and Lyrics (le Come-Back) : Réunissez les deux monstres de la comédie romantique : Hugh Grant et Drew Barrymore. Et ça donne quoi? Une franche réussite du genre. L'alchimie du couple fonctionne du tonnerre, bien servie par un idée audacieuse (la rencontre entre un chanteur has-been et une parolière aux talents cachés). C'est tellement efficace qu'on ne peut que regretter que le film emprunte finalement des chemins balisés, et soit terni par une mise en scène un peu plan-plan, alors qu'il avait le potentiel pour être un petit classique. 4/6
Freedom Writers (Ecrire pour Exister) : Hilary Swank joue une jeune enseignante qui réussira, après bien des galères, l'incroyable exploit de se faire respecter par les élèves les plus incontrôlables du monde, certains étant même issus de gangs qui s'entretuent. Un film plein de bons sentiments calibré pour le public ado et décérebré de MTV qui n'aurait jamais entendu parler de l'Holocauste. 1/6
Crank (Hyper-Tension) : Un film d'action qui se veut cool, fun, couillu, malin, culte, avec Jason Statham, l'espèce de sous-Bruce Willis vraiment crétin qui croit que Guy Ritchie est le plus grand cinéaste du monde, mais c'est en fait une grosse bouse consternante qui s'auto-satisfait de sa propre connerie. 0/6