The King

The King, qui raconte l'histoire d'un jeune marin (Gael Garcia Bernal) à la recherche de son père devenu pasteur (William Hurt), aurait très bien pu n'être qu'un film de petit malin prétentieux avec son scénario trop rôdé qui se donne des airs shakespeariens. Heureusement, les acteurs sont vraiment très bons, très naturels, ce qui produit un étrange paradoxe car les motivations de leurs personnages ne sont pas toujours cohérentes, obéissant trop à une logique d'écriture qui masque mal une volonté de surprendre ou de choquer le spectateur (d'ailleurs, la fin est un peu lourdaude dans son ironie jusqu'au-boutiste).

En fait, James Marsh, issu de son expérience du documentaire, se révèle bien plus doué dans le portrait ou la contemplation, faisant parfois naître quelques beaux moments sur l'adolescence. Il réussit à instaurer une ambiance tendue, avec un arrière-plan assez flippant sur le culte de la religion dans l'Amérique profonde, mais (et c'est encore une fois la faute au scénario) on ne sait pas trop quel est son point de vue sur les personnages : veut-il dénoncer tous ceux qui utilisent Dieu pour se laver de leurs péchés? Ou tout cela n'est qu'une tentative roublarde de jouer avec les châtiments bibliques?  The King a été écrit par James Marsh et Milo Addica (le scénariste de Monster's Ball), ce qui peut expliquer pourquoi le film semble parfois un peu hésitant, manquant parfois d'une clarté limpide sur ses intentions, et surtout trop influencé par moments. On accordera donc le bénéfice du doute à cet essai intriguant qui mérite tout de même le coup d'oeil pour son côté subversif.

3/6